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Afin de comparer les préférences des électeurs et des gouvernements, notre étude calcule la position médiane des électeurs flamands et wallons sur une échelle gauche-droite allant de 0 (position la plus à gauche) et 10 (position la plus à droite) et la compare ensuite à la position médiane des gouvernements régionaux et fédéraux sur la même échelle. La position médiane des gouvernements est calculée à partir de la moyenne des positions de chaque parti composant la coalition gouvernementale, pondérée par le poids de ces partis au sein du gouvernement. Pour cela, nous utilisons les données du Chapel Hill Expert Survey (CHES) pour la période 1991-2017. Le Tableau 1 présente ces comparaisons entre positions des électeurs et des gouvernements. Un différentiel négatif indique que les gouvernements sont positionnés plus à gauche que les électeurs ; un différentiel positif indique des gouvernements plus à droite que les électeurs. La magnitude de la différence s’étend théoriquement de 0 (similitude totale des positions) à 10 (différence la plus extrême des positions). La moyenne calculée est une moyenne absolue : elle indique la distance entre électeurs et gouvernements, sans tenir compte de la direction de cette distance (plus à gauche ou plus à droite). Les résultats montrent que les gouvernements régionaux sont en moyenne légèrement plus proches des préférences des électeurs que les gouvernements fédéraux : en Flandre, les gouvernements régionaux sont en moyenne distants de 0.59 des électeurs, alors que les gouvernements fédéraux sont distants de 0.79 ; de même, en Wallonie, les gouvernements régionaux sont en moyenne distants de 0.79 des électeurs, alors que les gouvernements fédéraux sont distants de 1.37. Ces différences sont toutefois minimes sur une échelle de 10 points.Flandre – Différence Électeurs-Gouvernement fédéral | Flandre - Différence Électeurs-Gouvernement régional | Année | Wallonie - Différence Électeurs-Gouvernement fédéral | Wallonie - Différence Électeurs-Gouvernement Régional |
-1,11 | 1991 | 0,75 | ||
-1,25 | -0,78 | 1995 | 0,14 | -0,33 |
-0,43 | -0,64 | 1999 | 1,77 | 0,44 |
-0,45 | 2003 | 0,30 | ||
0,21 | 2004 | -0,48 | ||
-0,59 | 2007 | 0,99 | ||
-0,95 | 2009 | -0,64 | ||
-1,73 | 2010 | 1,76 | ||
0,64 | 0,64 | 2014 | 3,87 | -0,37 |
2017 | 2,46 | |||
0,89 | 0,59 | Moyenne (abs) | 1,34 | 0,79 |
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De même, au niveau régional, le relâchement de la similitude des coalitions après 2003 ne produit pas de gouvernements plus proches des préférences des citoyens. En Flandre, les gouvernements sont eux aussi plus à droite des électeurs, à l’exception de 2004 et 2014. Cela s’explique sans doute par le cordon sanitaire qui exclut le Vlaams Blok/Vlaams Belang de toute participation gouvernementale. En Wallonie, les gouvernements sont systématiquement plus à gauche que les électeurs, à l’exception de 1999, et surtout depuis 2017. Cela s’explique sans doute par les difficultés du MR de s’imposer comme partenaire de coalition en Wallonie. Au final donc, les électeurs flamands tendent à avoir des gouvernements tant régionaux que fédéraux plus à gauche que leurs préférences, et ce systématisme peut générer une forme de mécontentement. Les électeurs wallons voient leurs préférences reflétées différemment entre niveaux : gouvernements plus à gauche au niveau régional, plus à droite au niveau fédéral, ce qui peut permettre un équilibre entre niveaux. Notre analyse montre qu’il faut plutôt chercher la source principale de distorsion entre préférences des électeurs et des gouvernements dans les choix des partis eux-mêmes d’exclure certains acteurs, plutôt que dans les règles institutionnelles.J
Article de référence: Van Haute, E. et Deschouwer, K. (2018) « Federal reform and the quality of representation in Belgium », West European Politics, 41(3), pp.683-702.J
. Emilie van Haute est professeure à SciencePo ULB et directrice adjointe du Centre d’étude de la vie politique (Cevipol).J
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. . Kris Deschouwer est professeur au département de science politique de la Vrije Universiteit Brussel (VUB).Emilie van Haute est professeure de science politique à l’Université libre de Bruxelles (ULB), où elle occupe un mandat de Professeure de recherche Francqui (2023-2026). Ses recherches portent sur les partis politiques, la participation politique, les élections et la démocratie. Ses projets actuels sont le Political Party Database (PPDB) sur les organisations partisanes, et le projet FNRS-FWO EOS NotLikeUs sur la polarisation en Belgique. Elle est également directrice du Policy Lab de SciencePo ULB.